Un grain, par David Ajchenbaum
Voici
l’un des tout premiers textes que David Ajchenbaum a posté sur iPagination,
faisant ainsi une entrée fracassante sur le site. Avec brio, l’auteur se penche
sur la condition d’un grain de sable tout en y associant quelques souvenirs
d’enfance.
« C’est
vicieux comme ça un grain de sable, c’est méchant, hargneux, ça possède tous
les défauts qu’on associe généralement à ceux qui, comme lui, sont petits et
secs, ça correspond à un cliché physique un grain de sable, ça compense un
manque quasi-total d’aptitudes physiques par une violence psychologique
inimaginable, à quoi s’ajoutent l’ennui, la frustration, ça n’a pas le choix,
un grain de sable, toutes les vacances c’est au bord de la mer, broyé et
rebroyé par les vagues, encroûté de sel, brûlé par le soleil, sans connaître
jamais de plaisir sexuel… »
La
vocation sans le talent, épisode 1, épisode
2, par David Ajchenbaum
Un enfant
souhaite de toutes ses forces réaliser une expérience : tuer. Par
ailleurs, deux personnes proches de lui trouvent la mort sous ses yeux. Simple
concours de circonstances ? Tours et détours d’une âme frustrée que la
faucheuse lui ait damé le pion. Digressions introspectives soutenues par une
écriture détaillée, froide à souhait, épicée d’humour noir, sillonnant sans
aucune pudeur les territoires du sexe et de la mort.
1- « Le
vrai point noir était mon intérêt tout relatif pour le sexe. Pour être franc,
je crois que je n’en ai jamais rien eu à foutre. »
« Pouvoir
décider que tout allait changer, que, pour le restant de ma vie, je serais
quelqu’un qui aurait tué, devoir vivre avec la culpabilité et la peur panique
de me faire prendre même quand le risque sera nul. »
2- Ce texte
fait suite à « La vocation sans le talent » - 1.
L’insistance d'Emilie, frustrée et vexée de me voir si peu entreprenant après
trois mois de relation, m'a relancé. Pour lui faire plaisir, j'ai perdu ma
virginité. Pour être tout à fait honnête, je le faisais aussi pour moi.
Emilie
m'a quitté plusieurs fois, après cette première nuit, d'abord sous divers
prétextes, puis en me disant la vérité : elle me jetait à cause du sexe.
Elle est toujours revenue. Je n'ai jamais cherché à la retenir, je n'ai jamais
cherché à la reconquérir, pas par indifférence, pas par orgueil, plutôt par
fatigue et par fatalisme.
Vue
sur mer #2, par Jones
D'un côté
ou de l'autre de la frontière, c'est toujours la même guerre : avant
d'être vécue, elle en a enthousiasmé plus d'un. Des hommes morflent, se
souviennent, s'appliquent, se désespèrent. En quelques paragraphes, Jones
évoque les deux guerres, sans étalage sanglant, sans objectif didactique non
plus, juste quelques mots déposés comme des taches de peinture pour guider le
lecteur. Dans l’attente des bombes, un homme réfléchit, soutenu par la présence
de la nature : « La mer se confond avec la fin d’un monde ou
peut-être le commencement d’un autre. » ou bien : « Je suis
parti parce que mon père ne pouvait rien contre tout ce qui restait enfermé en
lui. »
La
Saint-Valendingue, par Zibelyne
Drôle
dans sa tête, drôle dans ses mots, Zib nous livre, à l’occasion de la Saint-Valentin, un joyau
d’écriture. Vous voulez du sexe ? En voici en voilà ! Ce tableau hilarant
n’a toutefois rien d’extravagant. Dans le cas présent (il s’agit d’une fiction,
on est bien d’accord), il sert de toile de fond à des guéguerres sans fin :
celle des ouvriers contre le patronat mais aussi celle des femmes contre les
hommes.
« Assister
à la déchéance de son patron est intéressant… J’en éprouve une certaine
satisfaction que je masque en baissant mon regard vers son Bernard Lhermitte*
dépressif… Je sens le gâteau fraîchement démoulé… Je sais qu’il ne pourra pas
résister. »
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